A la sortie de Paris par le pont de Sèvres, qui n’est pas passé un jour devant l’imposante façade du Musée de la Céramique ? Il apparaît sur la droite avant que la route n’escalade la pente raide qui serpente vers les autoroutes du sud. L’ACRIS, grâce à l’équipe parisienne, nous a permis de pénétrer le majestueux édifice. Nous découvrons qu’il abrite deux entités, d’une part le Musée de la Céramique et d’autre part les 27 ateliers de fabrication de la fameuse Porcelaine de Sèvres.
Vingt acrisiens seulement se sont retrouvés, les inscriptions ayant été contingentées par le musée. La première partie de la journée était consacrée à la visite des ateliers situés derrière le grand bâtiment dans un quadrillage de ruelles pour une initiation à la fabrication de la porcelaine. Même si le kaolin est au cœur de la recette, de nombreuses roches en provenance de France et de l’étranger entrent dans la composition de la précieuse pâte, qui, une fois moulée, pétrie, cuite, deviendra une fine porcelaine transparente.
Sur un tour de potier, nous avons vu apparaître une assiette sous les doigts d’une habile opératrice.
De nombreuses phases interviennent sur l’objet, mises au point par des techniques et un savoir-faire et pratiqués depuis 4 siècles.
Au détour d’un atelier, les sucriers reconnaissent un filtre-presse du même type que ceux qu’ils utilisaient dans leurs usines. Il s’agit là de chasser l’eau de la pâte pour la transformer en « gâteau » qui, après malaxage, pourra être travaillée.
La cuisson est assurée aujourd’hui par des fours au gaz et à l’électricité qui ont remplacé l’antique four chauffé au bois de bouleau. Mais il est conservé dans son état de fonctionnement, car il reprend du service une fois tous les cinq ans, histoire de ne pas perdre le coup de main ancestral. En sortiront notamment très prochainement les cadeaux offerts en cette année olympique aux médaillés d’or des jeux de Paris, comme cela avait été le cas il y a un siècle, lors des jeux qui se sont déjà déroulés dans la capitale en 1924.
Mais pour qui travaillent ces 150 ouvriers au statut de fonctionnaires ? Ils fournissent la vaisselle de la Présidence de la République, les ministères, les ambassades… et certains collectionneurs. Mais pour qui veut acquérir une pièce, il peut passer par la boutique (sur place ou en ligne), les prix s’étageant de 390 € pour une petite assiette décorée par le peintre Mathieu, à quelques milliers d’euros pour des pièces plus importantes).
Il est midi passé ! Pas de réunion ACRIS sans un bon déjeuner, occasion de deviser entre anciens sucriers et leurs conjoints. Rendez-vous au restaurant Les Marronniers jouxtant la Manufacture, où nous sommes accueillis par un patron très souriant. Il nous propose son risotto aux champignons rivalisant avec son poulet fermier au romarin. Mais le point d’orgue sera le dessert qui nous est recommandé avec gourmandise : le Cheesecake, dernière création du chef. Nous ne serons pas déçus !
L’après midi est consacrée à la visite du Musée, toujours sous la conduite d’une guide très passionnée par son sujet. La très riche collection part des origines chinoises de cet art, en passant, dans chaque vitrine, par des échantillons des différents ateliers en France et à l’étranger qui ont ponctué l’histoire de la porcelaine, jusqu’à des œuvres contemporaines créées par des artistes de renom.
Céramique de Delft, au bleu si caractéristique.
Le bleu de Delft est une poterie célèbre dans le monde entier, produite à Delft depuis le 17ème siècle. Elle était prisée des riches familles, qui aimaient la collectionner dans un esprit de rivalité. La société Royal Delft, fondée en 1653, est la dernière fabrique de faïence du 17e siècle à subsister à ce jour. Le Bleu de Delft est entièrement peint à la main, selon des traditions ancestrales.
Picasso lui-même a laissé sa trace dans le Musée. Malgré son talent, son art n’est pas aussi raffiné que celui des artistes des 18ème et du 19ème siècle, qui reproduisent au fond des assiettes de véritables tableaux de maître. Les sucriers admireront l’assiette représentant un atelier de raffinage.
C’est le Bleu de Sèvres qui fait la renommées internationale de la Manufacture, ce bleu profond, rehaussé de quelques fines lignes d’or fin. Cette couleur si particulière, « la » couleur de Sèvres est à base de cobalt dont la technique remonte à 1778.
Création contemporaine en grès,
On dirait une pelote de ficelle
Une riche journée qui nous a apporté davantage de connaissances sur cet art raffiné. Nous considérerons désormais les porcelaines qui meublent notre quotidien avec plus de respect et d’intérêt.
Et attention à ne pas nous comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine !
Merci à l’équipe parisienne pour avoir organisé cette intéressante journée !